Analyse musicale : "Autre part" de Bigflo et Oli

Aujourd’hui, je vais faire une analyse de la chanson « Autre part » de Bigflo et Oli que vous pouvez retrouver dans leur album « La vraie vie » (retrouver ma critique de cet album ici). Je structurerai mon analyse en deux parties, la première les paroles et la seconde la musique.

Cette chanson est ma préférée de l’album, alors commençons l’analyse par les paroles

1/Les paroles

 1^er couplet 

Je voudrais qu'on arrête de m'parler d'avenir

Il fait si peur, il fait si froid dans ma tête la nuit

Je m'ennuie, je voudrais quitter mon corps, enfin être libre

Mes sourires sont les esclaves de mon savoir-vivre

J'ai ouvert la cage à mon corbeau noir sur le clair de lune

Il m'a chuchoté des mirages et m'a prêté sa plume

Je voudrais partir d'ici si personne me comprend

Car j'ai moins peur du vide que de faire semblant

J"veux pas de vos vies inintéressantes et artificielles

Finir avec les mains rongées par le liquide vaisselle

Je veux pas de la petite maison au gazon bien tondu

Je voudrais pas être moi et quelqu'un d'autre non plus

Les gens de mon âge sont ridicules, mais c'est pas de leur faute

On grandit pas, on remplace juste la cour de récré par une autre

Alors faites votre spectacle de menteurs et d'idiots

Je m'occupe d’éteindre la salle et de fermer les rideaux

J'ai des aiguilles dans le cœur, s'il s’arrêtait de battre ça ferait moins mal

La tête dans la baignoire j'entends une voix qui chuchote : "Rejoins-moi"

Les jours sont amers, mon visage en atteste

Les minutes sont acides, elles me lassent, elles me blessent

Comme un lâche, qu'on me laisse pour quelques milliers d'années

Je voudrais prendre la pause, qui ne finit jamais

On est tous en sursis

La fin est la même pour tout le monde, je prendrai juste un raccourci

Et je souffre de décevoir tous ceux que j'aime, j'ai plus de peur que de la peine

J'suis jeune, mais vieux dans le fond j'suis creux, y'a que du verre dans mes veines

Qu'elle m'apporte de l'autre côté et qu'on m'y laisse

J'écris un mot au cas où, par politesse

L'avenir c'est un mur qu'il faut casser à mains nues

S'accrocher et forcer, et monter pierre par pierre

Le futur c'est un mur qu'il faut briser à mains nues

Mais j'suis même plus sûr de vouloir voir ce qui se passe derrière

Le premier couplet est fait par Florian, il nous dit qu’il veut une vie hors du commun et qu’il ne peut pas se contenter de la maison avec le gazon bien tondu. Il est déprimé et ne se sent pas à sa place, il veut être laissé seul pour pouvoir partir tranquille. Il dit aussi qu’il ne supporte plus d’être incompris. Son couplet parle de dépression et de suicide, et cela à cause du sentiment d’être seule au monde. Il veut désormais partir ailleurs, mais cela n'est pas à cause de la peine, mais à cause de la peur : « j'ai plus de peur que de la peine ». C’est donc la peur de décevoir et la pression qui lui fait ressentir ses émotions et le pousse à la dépression peu à peu. C’est le stress que beaucoup d’artistes connaissent, ils ont peur de décevoir leurs publics et leurs entourages. Ce qui ne s'arrange pas avec les commentaires négatifs qui pèsent énormément sur le moral à la longue.

2^ème couplet :

Je voudrais faire fondre ton cœur de glace, briser ta carapace

Mais j'suis juste là, j'peux pas faire le combat à ta place

On pourra fêter la victoire, danser sur le bouclier

Je sais que tu penses aux autres, mais pour une fois oublie-les

Et je connais tous tes doutes, on a fait une partie de la route ensemble

Si tu m’écoutes je voudrais qu'un jour tu puisses m'entendre

J'aimerais de te détendre, te voir sourire devant la glace

Fais-le, fais-le au moins pour ceux qui rêvent d’être à ta place

Et moi aussi j'emmerde les gens et j'me sens mieux quand je ferme les yeux

Je vais pas dire que je te comprends, mais ce soir j'essaye un peu

Sensible on est petits et dans la foule tout devient flou

Regarde dehors, j'suis sûr qui en a plein des comme nous

Je voudrais que tu jettes toutes tes affaires, qu'on parte seuls,

Tourner en ville, rire à l'autre bout de la terre, quitte à faire des erreurs

Juste découvrir la vie

Réagis, tu peux me frapper, me claquer si t'en a envie

Monte dans ma caisse on va s’éclater, aller draguer toute la nuit

Réponds-moi, le froid me paralyse

Si tu prends ton billet pour ailleurs, moi j'me glisse dans ta valise

Le regard noir, je sais que tu fais les cent pas

Mais j'te jure si tu sautes on s'retrouve en bas

Ce putain de monde on va le troquer trouver ce qui nous planque

Ce qu'ils ont pas fait on va le faire, quitte à inventer ce qui nous manque

Je garde la face, mais j'ai eu du mal à lire ta lettre

Surtout le passage où tu voulais disparaître

Donc arrête, arrête, respire, enlève ton épine

Savoure le battement de ton cœur qui vient faire trembler ta poitrine

Ouvre la fenêtre, observe l'hiver et le printemps qui s’enlacent

Couvre-toi du bruit des rires qui s'évaporent des terrasses

Profites d'en bas et casse le grand barrage

Nos rêves d'enfants méritent vraiment de prendre de l'âge

On ira prendre le large et je t'aimerai comme tu les as détestés

Mais si tu t'en va, j'ai plus de raison de rester

Dans ce couplet-là, Oli veut aider son frère, mais ne peut rien faire, Florian doit combattre ces démons seul. Il a peur d’être inutile pour aider son frère et la froideur dont Florian fait preuve envers lui le blesse énormément. Oli demande à Flo d’oublier les autres et la pression qu’il se met à cause d’eux. Oli se sent d’autant plus désemparé qu’il voit que son frère l’écoute, mais ne veut pas entendre ses conseils. Les deux frères partagent quelques doutes, mais Oli n’est pas aussi affecté par ces derniers que Florian. Oli lui arrive à voir qu’il n’est pas seul et voudrait que son frère en fasse de même. On voit qu’Oli est prêt à tout pour que son frère sorte de sa froideur, il veut que Florian réagisse même si c’est de manière négative envers Oli. Olivio avoue à son frère qu’il ne trouvera pas la force de vivre sans lui et que si Florian part Olivio le suivra. Il est d’ailleurs blessé de savoir que son frère pense à en finir. Pour sauver son frère, Olivio lui dit de profiter de la vie, de profiter de ce que la vie lui apporte. Il lui dit surtout que la seule chose qui importe est leur amour fraternel et que vu qu’ils ont ça ils ont tous ce dont ils ont besoin.

Le refrain appuie l’éloignement de Flo avec la répétition des mots « autre part ». Mais le refrain est un encouragement, la chanteuse féminine veut que Flo s’en sorte et elle a même l’air de le comprendre.

2/ La musique

Là encore, la voix de Florian est traitée de manière particulière, elle est doublée par lui-même. La voix principale est la voix normale de Florian et la seconde voix elle est plus grave et plus posée. Ça crée une double personnalité dans sa voix comme si le Florian plus sombre et le Florian habituellement moins sombre étaient aujourd’hui tous les deux d’accord sur ce qu’ils veulent faire. Dans ce doublement perpétuel il y a deux pauses, sur les phrases : « La fin est la même pour tout le monde, je prendrai juste un raccourci » et « Mais j'suis même plus sûr de vouloir voir ce qui se passe derrière ». Ces phrases sont dites par une seule voix, pour illustré que les deux cotés ne forment plus qu’un.

Le même procédé est utilisé pour Oli, mais il ne dira qu’une seule phrase sans doublage : « Mais si tu t'en vas, j'ai plus de raison de rester » là encore les deux cotés sont d’accord. Mais son doublage est lui égal : il n’y a pas de différence entre la voix 1 et la voix 2.

L’instrumentation est réalisée par un piano traité avec une réverbération et des effets qui lui donnent un aspect rebondi. Puis des percussions se rajoutent. Des sons aigus viennent ponctuer l’instrumental, au début ils sont assez durs à définir, mais après ce sont des pizzicatos (technique de jeu qui consiste a pincée les cordes au lieu de jouer à l’archet) réalisés par les cordes.

Puis, arrive la phrase « La fin est la même pour tout le monde, je prendrai juste un raccourci », toute l’instrumentation s’arrête sur cette phrase et quand les instruments reviennent ils se sont modifiés. Un quatuor à cordes joue avec l’archet et va devenir essentiel pour montrer la descente de Flo grâce à des glissandos (glissement continu).

Le refrain lui est enregistré d'une manière assez rétro, la chanteuse soutient, et semble comprendre Florian. Sur le dernier refrain, Olivio vient renforcer les "autres parts" comme pour rappeler à son frère qu'il ira partout avec lui. Le refrain est réalisé par Suzanne Belaubre, une amie des frères.

En bref cette chanson est MA préférée de l’album, car le sujet est très triste, mais comme toujours avec eux ils rattrapent cela avec une instrumentation rythmée et très bien écrite. Cette musique peut aider beaucoup de monde, pour moi c’est le solo de Florian, car le couplet d’Olivio n'est là que pour redonner espoir et laisser un message d’espoir à la fin du morceau. 

La transition nous fait comprendre que le plus dur est de se lancer à cause du stress, mais qu'une fois dedans tout se fait quasi automatiquement.

Vous pouvez aller jeter un œil à ma critique de l'album, à mon analyse de "Trop tard" et de "Dans mon lit".